De Grenoble à Montréal, cultivons la résistance !

Banderole réalisé par le collectif « Ras-le-bol » : Le Ras-le-bol c’est une distribution de repas végétalien et gratuit, deux fois par semaine, au cœur de l’Université du Québec à Montréal. Le 7 novembre 2013 le collectif à déployé une banderole en soutien aux Jardins d’utopie de Grenoble.

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[Vidéo] Du processus de Bologne à la LRU, une catastrophe annoncée

Bonjour !

Vous trouverez ci-dessous une vidéo, certes un peu longue, mais qui explique en détails les diverses réformes que l’Enseignement Supérieur et la Recherche ont subi ces 15 dernières années, et les conséquences qui en découlent.

Bon visionnage !

Du processus de Bologne à la L.R… par mirailenlutte

Lettre ouverte aux enseignant-e-s chercheur-e-s et personnels des universités grenobloises.

Cette lettre à été rédigée par le comité de mobilisation issu des Assemblées Générales de Grenoble afin d’interpeler les enseignants chercheurs sur la suite du mouvement et de les inciter vivement à y participer.

« A vous, enseignant-e-s chercheur-euse-s à Grenoble, de tout grade et de toutes disciplines,

A Grenoble, depuis plusieurs semaines se sont tenues des assemblées générales sur le campus universitaire. La 3ième, le 24 Octobre, a rassemblé une centaine d’étudiant-e-s et quelques personnels sur le parvis de la Bibliothèque universitaire Droit Lettre. Peut-être en avez-vous entendu parler, ou avez-vous vu sur les murs du campus fleurir les affiches d’appel à la mobilisation ?

Nous nous sommes rassemblé-e-s par refus de la réforme Fioraso, mise en place dans la continuité de la LRU, et par refus de la logique de casse actuellement à l’œuvre, et actuellement approfondie. L’austérité et les effets des baisses continues des budgets alloués aux universités se font cruellement sentir. Les conséquences sont multiples : un grand nombre de formations sont menacées, que ce soit par la fermeture simple ou la fusion de ces dernières au sein de licences mixtes. Ces licences n’auront pas les moyens matériels et humains d’une vraie pluridisciplinarité. Elles connaitront irrémédiablement une perte massive d’effectif. Les étudiants aisés se dirigeront vers des licences de qualité dans d’autres académies ou dans le privé (qui désormais peut délivrer des diplômes équivalents), les étudiants précaires souvent salariés, n’auront pas les moyens de suivre une charge accrue de cours avec des critères d’assiduité excluant.

Ces baisses d’effectifs s’accompagneront à leur tour de baisses des budgets alloués et ainsi de suite. Tôt ou tard les effectifs d’enseignants et de personnel seront revus à la baisse. C’est d’ailleurs ce que présage d’ores et déjà la réforme récente du statut d’enseignant chercheur.

Le gouvernement actuel comme son prédécesseur travaille à la destruction du service public de l’enseignement supérieur. Il vise clairement à créer deux universités : une université chère et sélective pour les « élites » et des centres de formations à courts termes prenant en charge sur fonds publics la formation des salariés. Ces derniers ne disposeront d’aucuns diplômes garants d’une qualification réelle mais seulement d’un paquet de « compétences » renouvelables, en ce sens la casse de l’université est à mettre en lien avec la précarisation massive du monde du travail. La création de FUN est un autre exemple de déclinaison pratique de cette politique.

Aujourd’hui, dans plus d’une trentaine d’universités, des Ag et des actions ont commencé à s’organiser ; c’est le moment pour tout un chacun de se poser la question de sa situation par rapport aux réformes, et de prendre position ; la neutralité est impossible, et les illusions de pouvoir soutenir les luttes de loin sans s’y impliquer –la logique du passager clandestin– ont été dissipées depuis la victoire de Pécresse contre les personnels et les étudiant-e-s, en 2007 et 2008.

Les enseignant-e-s ont commencé à se mobiliser. Dans de nombreuses universités à l’instar de celle de Montpellier, ils déposent des motions dans les conseils universitaires, participent aux assemblées générales avec les étudiants et les personnels. ; Ils ont reçus du ministère une fin de non-recevoir qui illustre bien les limites du « dialogue social » et des conseils… [Voir http://www.sauvonsluniversite.com/]. A l’évidence, c’est seulement par l’établissement d’un rapport de force concret que nous pourrons espérer obtenir gain de cause.

Sur le campus, la prochaine Assemblée Générale aura lieu le Mercredi 6 Novembre à 12h au petit amphithéâtre extérieur devant l’Arsh et le Bshm de l’UPMF ; Vous y êtes invités, vous y êtes attendus, vous y êtes le ou la bienvenue !

Nos salutations, sincères et déterminées. »

Vous trouverez ici le modèle destiné aux personnels. N’hésitez pas à faire tourner ces courriers, par mail ou papier.

Compte-rendu de la journée d’action du 21 Octobre 2013

Pour sa première apparition officielle, le comité de mobilisation de Grenoble contre la loi Fioraso avait choisi un rendez-vous plein de sens : le conseil d’administration du PRES de Grenoble, qui avait lieu ce Lundi entre 9h et 12h dans la salle des colloques du BSHM. Afin de ne pas perturber le bon déroulement de l’action (déplacement in-extremis de la réunion par les bureaucrates), le com’mob n’avait volontairement pas communiqué sur cette action. Maintenant que celle-ci s’est déroulée dans la joie et la bonne humeur, nous pouvons vous en rendre compte. 

Après s’être réuni-e-s un peu à l’écart, les militant-e-s du com’mob se sont rendu-e-s, plein-e-s de bruit, de slogan et de chansons au second étage du BSHM où se déroulait une triste réunion de technocrates élu-e-s par personne et qui décident pour tout le monde. Pour eux, le programme du jour c’était de voter les multiples partenariats public-privés (comprenez financement des entrepreneurs par l’Etat) visant à la rénovation de notre campus qu’ils disent d’excellence (comprenez sans classe populaire, sans qualification et sans expérience critique). Pour plus d’informations, n’hésitez pas à lire l’ordre du jour de ce conseil d’administration ici : Ordre du jour du CA du PRES de Grenoble (21/10/13)

Cette bande d’encravaté-e-s ne fut ainsi pas tout à fait ravie de nous voir débouler au milieu de son conseil d’administration, dont les enjeux semblaient d’importance. Après avoir chantés, de plus belle, trois textes furent lu. Le premier se trouve dans l’article précédent et concerne directement la loi de privatisation de l’université de Fioraso, le second concernait l’expulsion des jardins d’utopie, potagers collectif et autogérés actifs depuis près de 7 ans sur le campus grenoblois (Pensez à signer la pétition ici). Le troisième concernait enfin, l’une des conséquences immédiate de la loi Fioraso : la création de France université numérique, la plateforme d’hébergement de cours en ligne qui permettra très rapidement de se passer d’un bon nombre d’enseignant-e-s en chair et en os, comme on le sait, trop chers pour le contribuable.

Une fois le message passé,  les bureaucrates furent assez déçu-e-s de voir que nous comptions point quitter la salle de réunion. Plutôt que de nous faire participer à ce conseil qui nous concerne, nous étudiant-e-s, bien plus que n’importe qui, les bureaucrates ont préféré partir, nous abandonnant par la même un buffet de petit déjeuner bien mérité.

BUREAUCRATES : 0

ETUDIANT-E-S : 1

Mais déjà la salle quittée et les bureaucrates évacué-e-s que nous sifflaient aux oreilles une joyeuse rumeur : Mme Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur, grande architecte du nouveau projet de privatisation de l’université, serait attendue, aujourd’hui à Grenoble pour aller distribuer les susucres à ses chienschiens les plus zélés, comprenez les président-e-s des universités de Grenoble. Ni une ni deux, un nouveau rendez-vous est fixé en fin matinée. A 11h50 la nouvelle tombe : Geneviève est là, l’occasion parfaite de lui faire passer notre message : Retire ton projet de loi, Abroge la LRU, réinjecte massivement de l’argent dans l’université et fout les patrons dehors. En somme, démerde toi pour que l’université devienne laïque, gratuite, critique et populaire. Nous revoilà en route pour l’administration centrale de l’UPMF où Geneviève déjeune. Arrivé-e-s aux portes de la salle de réunion, les slogans tonnent et l’entrée nous est refusée. Finalement, la porte s’ouvre, Geneviève a été évacuée par la porte de derrière. En bas, la police, qui était aux abonnés absents depuis le début de la matinée, est finalement massivement arrivée. Dommage pour eux, aucune insulte n’a été proférée, personne n’a été violenté, pas un objet cassé ni même une feuille de papier froissée, seulement un message : NON A LA LOI FIORASO.

La bande de gai-e-s luron-e-s repart libre et satisfaite.

ETUDIANT-E-S : 2

BUREAUCRATES : 0

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Communiqué de presse du comité de mobilisation contre la loi Fioraso à Grenoble en date du 21 Octobre 2013

Pourquoi nous envahissons le conseil d’administration du PRES du 21/10/13

« Depuis des années les gouvernements successifs (de « gauche » comme de droite), conformément aux directives européennes s’acharnent à saboter l’université public. L’actuel ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche dirigé par Mme Geneviève Fioraso confirme à son tour cette tendance avec sa loi votée en catimini durant l’été.

-Les budgets des universités sont en chute libre. Une vingtaine d’universités sont d’ores et déjà en déficit. A Montpellier, Agen par manque de moyens et donc de place on en arrive à recruter les étudiants par tirage au sort.

-1500 postes d’enseignants dans le supérieur sont gelés pour l’année 2013-2014. Les nouvelles plateformes d’enseignements numériques laissent d’ailleurs présager le remplacement progressif de certains enseignements par des conférences internet.

-Dans toutes les universités on restreint le nombre de TD, les possibilités de redoublement, on durcit les critères d’assiduité pour pousser dehors les étudiants salariés et de façon générale les étudiants les moins prometteurs, les moins rentables.

-Le budget de la recherche sont considérablement amoindris. Des laboratoires fusionnent ou menacent de fermer dans toutes les villes.

Les organes pilotes de cette destruction du service public ce sont les PRES, les « pôles de recherche et d’enseignement supérieurs ». Composés de présidents d’universités et de représentants privés comme publics. Une cohorte d’experts chargé de transformer l’université en un système à deux vitesses. D’un côté les enseignements de qualité indexés sur une recherche massivement subventionné car correspondant aux stratégies économiques locales. De l’autre des centres de formation continu au rabais dans lequel on viendra suivre des formations à court terme pour des jobs sans lendemains.

L’accès à un enseignement supérieur de qualité est un droit pour toutes et tous. Car il est synonyme d’enrichissement personnel et de possibilité d’emploi stable.

L’existence d’une recherche publique et indépendante non soumise à des impératifs de rendement est un impératif démocratique car elle rend concrète et possible la controverse d’opinions.

Nous considérons que liquider la formation de toute une partie de la jeunesse est un aveu de capitulation de la classe politique face aux puissances de l’argent. Ces attaques actent la précarisation de la population tant au niveau salarial, culturel que social. Elles condamnent l’avenir du pays.

Nous appelons les membres du PRES à assumer leur responsabilité politique en condamnant ces politiques d’austérité.

Nous appelons tous les étudiants et personnels à nous rejoindre en Assemblée générale pour s’organiser contre la casse de l’enseignement supérieur. »

Intervention du comité de mobilisation, lu lors du Conseil d’Administration du Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur de Grenoble (PRES) artisan principal de la privatisation de l’université le 21 Octobre 2013 à 10h15.